
D’un point de vue agricole, le territoire formé par Tintigny et Habay est essentiellement une terre d’élevage de bovins. La plus grande part de la SAU est occupée par la prairie. La culture du maïs gagne du terrain, mais elle est destinée à l’alimentation des bêtes.
Il existe aussi une petite diversification en élevage porcin et ovin, principalement concentrée sur Tintigny. Près d’un quart du territoire est consacré à l’activité agricole. Mais celle-ci se réduit régulièrement, de manière plus marquée sur Habay que sur Tintigny. Le nombre d’exploitations et d’emplois agricoles diminue sans cesse. La reprise des fermes actuelles est en outre loin d’être assurée puisque les successeurs connus d’agriculteurs de plus de cinquante ans sont rares.
L’avenir de l’agriculture est cependant une question qui préoccupe nombre d’acteurs locaux, à commencer par les agriculteurs eux-mêmes, et qui donne lieu à divers projets et expériences originaux. Quelques fermes poursuivent par elles-mêmes des projets particuliers : une ferme de Habay développe, en association avec d’autres, la robotisation de la traite ; une autre, de Tintigny, commercialise directement auprès de son propre réseau de clients sa production bovine et maraîchère. Par ailleurs, l’agriculture en activité complémentaire et les conversions à l’agriculture biologique vont croissant.
Trois opérateurs font en outre de l’avenir de l’agriculture un enjeu stratégique de développement local : le Parc naturel et le GAL Haute Sûre – Forêt d’Anlier (Habay), le GAL Cuestas (Tintigny), la coopérative Terlux (Tintigny).
Les actions de ces structures se rejoignent dans des efforts de recherche de pistes de diversification de l’activité agricole et de valorisation des produits du terroir. Ces efforts se traduisent par la création de deux marques collectives (« Régals de nos terroirs » et « Boeuf des prairies gaumaises »), de vitrines de produits locaux (Habay), l’organisation de marchés, occasionnels (Habay) ou réguliers (Tintigny), et, très récemment, par le lancement d’une Entreprise de Formation par le Travail (Tintigny) consacrée aux métiers de la restauration à base de produits locaux.
A Tintigny, un investissement communal est en cours dans la création d’un atelier partagé. Et Cuestas y relance, avec un certain succès, l’élevage et la commercialisation de boeufs.
Ainsi, la diversification devient progressivement une réalité de l’agriculture du territoire : porcs, produits laitiers, fromage, boeuf, maraîchage. Une dimension sociale s’inscrit aussi en agriculture : l’Asinerie de l’Ô est ferme d’accueil de personnes handicapées et le Parc naturel – GAL Haute Sûre – Forêt d’Anlier travaille à un projet de fermes d’insertion sociale. En marge de l’agriculture, on notera encore la production locale de différents produits originaux et de qualité (bière, chocolat, jus de pomme, glace, tarte, pâté gaumais).
Tous ces projets cherchent à établir des relations nouvelles entre agriculture et alimentation, agriculture et environnement naturel, agriculture et environnement social.
Bref, l’activité agricole traditionnelle est en recul, mais de nouvelles activités, productions, modes d’organisation et de valorisation voient progressivement le jour, sous l’action de plusieurs acteurs. Peut-être la coordination entre eux et l’harmonisation entre projets est-elle encore à inventer pour parvenir à des réussites durables et rentables pour les agriculteurs.
D’autre part, une question sensible est pendante, à laquelle on ne peut apporter de réponse actuellement : comment valoriser les surfaces agricoles situées en zone Natura 2000 ?